De et par Le Raoul Collectif (Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot)
Assistanat à la mise en scène Yaël Steinmann
Direction technique et création lumières Philippe Orivel
Costumes Natacha Belova
Création son Julien Courroye
Régie son en alternance Julien Courroye / Benoît Pelé
Régie lumières en alternance Philippe Orivel / Isabelle Derr / Nicolas Marty
Chargée de production et de diffusion Catherine Hance
Production Raoul Collectif
Coproduction Théâtre National/Bruxelles, Théâtre de Liège, Théâtre de Namur et Manège.Mons
Avec le soutien de Fédération Wallonie-Bruxelles CAPT, Zoo théâtre asbl et la Chaufferie Acte1
Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot se sont engagés dans la voie quelque peu utopique, lente mais fertile de la création en collectif. Ils ont élaboré ensemble une méthode de travail qui prend en charge toutes les dimensions de la création et de la production (documentation, mise en scène, scénographie, son, lumière, texte, diffusion,…(en n’excluant pas le recours ponctuel à un « œil extérieur » et à d’autres forces qui gravitent autour du collectif (assistante, directeur technique, costumière,…).
De cette dynamique – sorte de laboratoire pratique de démocratie-, de la friction de leurs cinq tempéraments se dégage une énergie particulière, perceptible sur le plateau, une alternance de force chorale et d’éruptions des singularités, une tension réjouissante, tant dans le propos que dans la forme, entre rigueur et chaos, gravité et fantaisie.
Pas évident de faire rire des
intellectuels fatigués dans une société fermée sur ses préjugés…
Raoul Collectif y parvient avec un esprit dada incendiaire et
convainc qu’il existe toujours une alternative à l’épuisement
de penser. (...) Sarcastique et déglingué, le
collectif belge met à sac les idées toutes faites avec un humour
ravageur. Réjouissant.
Fabienne Pascaud / Télérama
Le Raoul Collectif offre [un]
spectacle à la fois très grand public, à mourir de rire, et
âprement politique, sans jamais que le propos ne soit frontal.
Anne Diatkine / Libération
Bavard, gaguesque, enfumé, Rumeur et petits jours convoque ce
passé proche où la prise de conscience qu’il n’y aurait pas
d’alternative au triomphe de l’ultralibéralisme n’avait pas suffit à
l’endiguer. C’est à pleurer. L’humour
acidulé cynique du Raoul Collectif peine même parfois à mettre à
distance ce qu’il révèle. On dirait les Nuls…
Hervé Pons / Les Inrocks
Durée : 1h50 - Salle Jean-Louis Barrault
Le spectateur est ici le public d’une émission radio. Dans une atmosphère enfumée rappelant les années 70, un groupe de chroniqueurs se réunit autour d’un projet commun : dénicher de la beauté. A l’heure de la 347ème émission, ce projet est-il devenu trop désuet au regard du monde qui les entoure ? Il est en tout cas mis à mal d’entrée de jeu par l’annonce d’une décision venue d’en haut… La cohésion et l’idéal du groupe, et à travers à lui le langage et les idées, sont alors mis à rude épreuve. Mais de quoi cette épreuve est-elle le nom ? Restent aux chroniqueurs leur liberté de ton et la mise en mouvement d’une pensée chorale pour espérer déconstruire ce qui les contraint, et y résister coûte que coûte.
Fidèle à sa mise en scène inventive construite à partir du plateau, le Raoul Collectif nous propose un spectacle à la fois fertile et ludique, visuel et libératoire. La pièce s’attaque, en creux, aux dérives de notre société rationnelle et matérialiste. Et cette création d’envoyer une pelletée de grains de sable dans la mécanique du monde contemporain, entre conformisme et pensée dominante.
Décapant.
Créé au Festival d'Avignon 2016.
Interview du Raoul Collectif par le Théâtre national de Belgique
Qu’est-ce que
votre collectif a de particulier ?
Ici, il y a cinq
metteurs en scènes. Concrètement c’est oser dire à l’autre :
“Tiens je te donne ma casquette de metteur en scène et je vais
jouer. Dirige-moi !” Et nous construisons progressivement,
ensemble... Le projet met au travail le groupe, la notion même de
groupe et le groupe que nous formons dans notre collectif ...et il y
a aussi ce que nous pensons du monde dans lequel nous vivons. Nous
sommes tous préoccupés par le monde dans lequel nous vivons. Nous
sommes amenés à réfléchir les choses ensemble, à débattre des
choses et se les faire découvrir. En fait, nous nous faisons aussi
des poteaux d’angles entre nous. Le fait de travailler en groupe,
c’est aussi un laboratoire de pensée, beaucoup plus que de
travailler tout seul parce qu’il faut tenir ensemble, changer
ensemble, partager... Les metteurs en scènes
travaillent aussi souvent avec le groupe, c’est juste qu’ils ne
le disent pas. Nous, on n’a pas le choix. Si tout le monde
démissionne de la mise en scène, il ne reste rien du tout. Il y a
là une responsabilité collective proche d’une forme d’anarchie.
Si nous voulons arriver à un résultat, nous avons la responsabilité
de le tenir jusqu’au bout et d’avancer. Il y a beaucoup de
liberté parce que nous faisons ce que nous voulons, mais beaucoup de
responsabilité aussi.
Et concrètement,
comment ça marche ? Vous vous faites des propositions ?
On avance par phases,
morceau par morceau. Quand on en tient un, on peut le travailler. Il
y a des phases où on doit parler beaucoup pour voir ce qu’on veut
faire. Puis, il y a des phases où il faut essayer. Puis on filme
tout parce qu’on travaille à cinq sur le plateau en permanence
donc on doit pouvoir avoir un regard là-dessus. Ici, on a eu envie
d’une approche où on est tous les cinq sur le plateau, voire tout
le temps en scènes collectives. Quelqu’un fait une proposition
puis on s’en empare tous et on l’essaye, plutôt que d’être
tout de suite dans : “Tiens, moi, j’ai ça ! Moi, j’ai ça et
puis ça !” Il n’y a pas de méthode, elle s’invente au fur et
à mesure qu’on travaille, en fonction du projet.
Est-ce que pour vous, le fait de faire du théâtre est un acte
politique ?
C’est difficile à
dire... Un acte politique suppose de poser un acte social qui tente
de perturber l’ordre du monde. Ce n’est pas ce que nous faisons,
mais le fait que nous nous interrogions sur ce que nous sommes, sur
le monde dans lequel on vit, il y a quelque chose dans l’intention
qui est de l’ordre de la démarche politique. Nous voyons plutôt
le fait de faire du théâtre, d’entreprendre d’en faire, comme
un acte d’artisan, mais qui s’avère dans un contexte de
mondialisation, de globalisation être un acte politique. Une forme
lente, construite à cinq, ensemble... Comme une expérience
démocratique. Jacques Delcuvellerie dit que le théâtre est une
forme de représentation du monde et que à partir du moment où on
représente le monde on pose un acte politique...
Jeudi 19 avril 2018 à l'issue de la représentation
Rencontre avec l’équipe
Atelier du CDNO