D’après Sur la voie royale de ELFRIEDE JELINEK
Traduit de l’allemand par MAGALI JOURDAN et MATHILDE SOBOTTKE
Avec CHRISTÈLE TUAL et NOÏ KARUNAYADHAJ
Mise en scène LUDOVIC LAGARDE
Création musicale WOLFGANG MITTERER
Scénographie ANTOINE VASSEUR
Lumières SÉBASTIEN MICHAUD
Costumes MARIE LA ROCCA
Masques et maquillage CÉCILE KRETSCHMAR
Maquillage et habillage NOÏ KARUNAYADHAJ
Son DAVID BICHINDARITZ
Vidéo JÉRÔME TUNCER
Dramaturgie PAULINE LABIB
Assistante à la mise en scène CÉLINE GAUDIER
Régie générale FRANCOIS AUBRY
Régie lumière CORTO TREMORIN
Costumes réalisés dans les ateliers costumes du TNB sous la direction de MYRIAM RAULT
Réalisation du décor "Les Ateliers Jipanco et Cie"
Remerciements aux équipes de l’Aire Libre et du Théâtre National de Bretagne

Production  Compagnie Seconde nature
Coproduction Théâtre National de Bretagne ; T2G - Théâtre de Gennevilliers ; Le Parvis Scène nationale Tarbes-Pyrénées.
Avec le soutien de T&M pour la commande musicale. La Compagnie Seconde nature est conventionnée par le Ministère de la Culture.
La pièce Sur la voie royale est publiée et représentée par L’Arche-éditeur & agence théâtrale

Elfriede Jelinek, née en 1946 en Styrie (Autriche), est l’une des voix les plus puissantes de la littérature germanophone. Autrice d’une œuvre inclassable par son audace langagière et stylistique et sa virulence politique, l’écrivaine a grandi dans “une sorte de schizophrénie familiale qui s’est installée entre [un] milieu athée engagé à gauche et [une] bourgeoisie catholique,” mais aussi entre un père malade mental et une mère dominatrice qui contrôle chaque minute de son emploi du temps. “Dès l’âge de sept ans, ma journée débutait à six heures du matin et elle se terminait à dix heures le soir. […] Je devais non seulement faire mes devoirs d’école mais également travailler mon instrument. Et un seul instrument ne suffisait pas. Il en fallait cinq. À quoi venaient s’ajouter la musique de chambre et l’orchestre.” La musique va garder une influence décisive sur sa façon de “composer” un texte. Après son Abitur en 1964, elle entreprend des études de théâtre et d’histoire de l’art à l’université de Vienne, mais sa soudaine liberté de jeune étudiante l’expose à des crises répétées d’agoraphobie. Elle reste enfermée chez elle près d’un an, période pendant laquelle elle commence sérieusement à écrire, d’abord des poèmes, puis de la prose. Elle accède à la notoriété dès ses premiers romans, publiés au début des années 70. Ses engagements, ses prises de positions souvent polémiques, font très vite d’elle l’une des personnalités publiques les plus controversées, souvent détestée dans son propre pays. Son audience devient internationale à compter de 1983 avec la publication de La Pianiste (adapté au cinéma par Michael Haneke en 2001). Son œuvre d’une extrême diversité (dramatique, romanesque, lyrique) lui a valu les distinctions les plus prestigieuses, parmi lesquelles, outre le Prix d’Excellence de la ville de Vienne (1989), le Prix du Théâtre (Berlin, 2002), le Prix Nestroy (Vienne, 2013), ou le Prix de la ville de Mülheim, qui récompense la meilleure œuvre dramatique de l’année (2002, 2004, 2009, 2011), les Prix Heinrich Böll (Cologne, 1986), Peter Weiss (Bochum, 1994), Walter Hasenclever (Aix-la-Chapelle, 1994), Georg Büchner (1998), Heine (Düsseldorf, 2002), Stig Dagermann, Lessing ou Franz Kafka.

Ludovic Lagarde réalise ses premières mises en scènes à la Comédie de Reims, Centre Dramatique National, au Théâtre Granit de Belfort et au Channel de Calais. En 1993, il crée Soeurs et frères d’Olivier Cadiot. Depuis 1997, il a adapté et mis en scène plusieurs romans et textes de théâtre de l’auteur : Le Colonel des Zouaves (1997), Retour définitif et durable de l’être aimé (2002) et Fairy Queen (2004). Il commence son parcours d’opéra aux côtés de Christophe Rousset avec entre 2001 et 2006, trois mises en scène d’ouvrages de Lully, Charpentier et Desmarets. En 2008, il a mis en scène les opéras Roméo et Juliette de Pascal Dusapin à l’Opéra Comique et Massacre de Wolfgang Mitterer au Théâtre São João de Porto, au festival Musica à Strasbourg, puis à la Cité de la Musique à Paris. De janvier 2009 à décembre 2018, Ludovic Lagarde dirige la Comédie de Reims, Centre Dramatique National. Au Festival d’Avignon 2010, il crée Un nid pour quoi faire et Un mage en été d’Olivier Cadiot. En janvier 2012, il présente à la Comédie de Reims l’intégrale du théâtre de Georg Büchner, reprise au Théâtre de la Ville en janvier 2013. En mars 2013, il met en scène au Grand Théâtre du Luxembourg et à l’Opéra-Comique Le Secret de Suzanne de Wolf Ferrari et La Voix humaine de Francis Poulenc. Il crée Lear is in Town d’après Le Roi Lear de Shakespeare pour la 67ème édition du Festival d’Avignon. En 2014, il met en scène Quai ouest de Bernard-Marie Koltès avec des comédiens grecs au Théâtre National de Grèce à Athènes. À l’automne 2014, il réalise L’Avare de Molière à la Comédie de Reims, Centre Dramatique National qui achève sa tournée à l’Odéon-Théâtre de l’Europe en juin 2018, puis La Baraque, un texte d’Aiat Fayez, en février 2015, dans le cadre du festival Reims Scènes d’Europe. En 2016, il met en scène Providence d’Olivier Cadiot, Marta de Wolfgang Mitterer à l’Opéra de Lille et en 2017, Le Nozze di Figaro de Mozart à l’Opéra National du Rhin. En 2019, il crée au TNB — Théâtre National de Bretagne, Centre Européen Théâtral et Chorégraphique, La Collection, d’Harold Pinter, dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot.

Sur un texte virulent d’Elfriede Jelinek, la comédienne Christèle Tual incarne les dérives de Donald Trump après son élection, dans une performance scénique impressionnante.
Laurence Péan, La Croix

Le metteur en scène Ludovic Lagarde traverse Sur la voix royale d’Elfriede Jelinek avec une habilleuse-maquilleuse, une actrice , un musicien et un fauteuil Knoll. Ça tangue, ça swingue, ça gifle, ça dégoupille, cela ne ressemble à rien de répertorié. Waouh !
Jean-Pierre Thibaudat, Mediapart

SUR LA VOIE ROYALE

VENDREDI 26 JANVIER 20H
SAMEDI 27 JANVIER 20H

1H30 - Salle Jean-Louis Barrault

« Quel système avons-nous bâti ? Que sommes-nous devenus pour placer volontairement - démocratiquement ! - un clown pareil à la tête des État-Unis ? ». Débuté la nuit de l'élection de Donald Trump, Sur la voie Royale d'Elfriede Jelinek, lauréate du Prix Nobel de littérature en 2004, est un texte à charge contre ce président devenu la figure des dérives populistes contemporaines.

Brûlot politique autant que pamphlet subversif, le spectacle porté par l'incomparable comédienne Christèle Tual, donne corps à ses mots au vitriol accompagné d'une création sonore originale du compositeur autrichien Wolgang Mitterer, et convoque au plateau Freud, Œdipe, Piggy la cochonne ou le philosophe Heidegger. Transfigurée tout au long du spectacle par l'intervention d'une maquilleuse-coiffeuse-habilleuse, l'interprète dénonce les dérives de notre époque, dans une performance scénique fascinante.Comment faire entendre le flow théâtral de Jelinek ?


Tout le monde est aveugle dans cette pièce. L’écrivaine qui s’y projette en prophétesse aux yeux ensanglantés. Le roi Trump en Œdipe qui fonce vers l’avenir les yeux crevés. Et nous qui savons bien que c’est catastrophique mais laissons grimper sur le trône des figures incarnant le pire de nous-mêmes.

C'est à priori l’auteur qui parle dans ce texte, mais quelle part d’elle-même ? Est-ce l’enfant meurtrie de l’après-guerre à Vienne, la vieille dame qu’elle devient aujourd’hui, l’écrivaine célèbre, la féministe, la prix Nobel de littérature, la poétesse radicale, ou la femme assidue des réseaux sociaux, la cliente d’Amazon, la spectatrice des séries sur HBO ? Toutes ces voix à la fois. Jelinek engage tout d’elle-même et active, avec parfois l’énergie du désespoir, la littérature et l’intelligence face à la violence politique et à la bêtise. Et lui le roi, de qui s’agit-il ? D’un gosse violent sérieusement frustré qui a mal tourné, d’un génie de la communication, d’un nouveau führer postmoderne, d’un businessman qui a vraiment-vraiment réussi ? Ou de notre pire cauchemar : un clown qui nous emmène, rigolard et narquois, vers la fin du monde...

Comme dans le film Matrix ou dans les romans de James Ellroy, pour arrêter le monstre, il faut pénétrer sa psyché, au prix de sa propre vie. Jelinek veut détruire le phénomène Trump avant qu’il ne nous détruise et engage dans ce combat ses moyens littéraires et sa propre existence. L’arme subversive de l’humour et l’usage de blagues dérisoires ou acides font partie de la panoplie. L’art de Jelinek s’invente « à vue », le texte est la transcription en temps réel de la pensée en train de s’élaborer. Le texte n’a de sens que dans ces multiples interprétations, ces énigmes, visions, métamorphoses ou révélations. Et à défaut d’action, il regorge d’événements.
- Note d'intention, Ludovic Lagarde

SOLI
UNE SOIRÉE,
DEUX SPECTACLES

Les 26 et 27 janvier à 18h,
vous pouvez également assister à
PERSONNE de Yann Frisch