Mise en scène Séverine Chavrier
Interprètes Laurent Papot, Marijke Pinoy, Aurélia Arto, Adèle Joulin et Florian Satche (musicien)
Scénographie Louise Sari
Création vidéo Quentin Vigier
Création son Simon d’Anselme de Puisaye, Séverine Chavrier
Création lumières Germain Fourvel
Création costumes Andrea Matweber
Éducation des oiseaux Tristan Plot
Régie général et plateau Armelle Lopez
Régie vidéo Typhaine Steiner 
Intervention IRCAM Augustin Muller
Assistante scénographie Amandine Riffaud
Construction du décor Julien Fleureau, Olivier Berthel
Conception de la forêt Hervé Mayon - La Licorne Verte
Accessoires Louise Sari et Rodolphe Noret
Remerciements Rachel de Dardel, Ferdinand Flame, Marion Stenton, Marie Fortuit, Antoine Girard, Pascal Frey et Romuald Liteau Lego

La Plâtrière de Thomas Bernhard, traduit de l’allemand par Louise Servicen, est publié aux éditions Gallimard Thomas Bernhard est représenté par L’Arche, Agence théâtrale www.arche-editeur.com

Créé le 12 mars 2022 au Teatro Nacional de Catalunya (Barcelone, Espagne)

Production CDN Orléans/Centre-Val de Loire
Coproduction Théâtre de Liège - Tax Shelter, Belgique ; Théâtre National de Strasbourg ; ThéâtredelaCité - CDN Toulouse Occitanie ; Tandem Scène Nationale Arras-Douai ;Teatro Nacional de Catalunya, Barcelone
Avec l’aide exceptionnelle de la Région Centre - Val De Loire
Partenaires Teatro Nacional Sao Joao - Porto ; Teatro Nacional Dona Maria II - Lisbonne ; Odéon-Théâtre de l’Europe ; JTN - Jeune Théâtre National – Paris ; ENSATT - École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théatre – Lyon ; Ircam Institut de recherche et coordination acoustique/musique
Avec la participation du DICRéAM

De sa formation en philosophie à ses études de piano au Conservatoire de Genève en passant par de nombreux stages sur le jeu de l’acteur, Séverine Chavrier a gardé un goût prononcé pour le mélange des arts et des genres.

Comédienne et musicienne, elle multiplie les compagnonnages et les créations avec Rodolphe Burger, Jean-Louis Martinelli et François Verret tout en dirigeant sa propre compagnie, La Sérénade interrompue. En tant que metteuse en scène, elle crée en 2009 Épousailles et représailles, d’après Hanokh Levin, présenté au Théâtre Nanterre-Amandiers, puis au Festival Impatience. Elle devient ensuite artiste associée au Centquatre- Paris en 2011 où elle imagine Série B – Ballard J. G et Plage ultime, inspirés de l’œuvre de James Graham Ballard et créé au Festival d’Avignon en 2012.

Elle construit ses spectacles en plongeant dans l’univers d’auteurs qu’elle affectionne et invente des formes singulières à partir de toutes sortes de matières : le corps, la parole, la vidéo, les sons du piano, des objets... C’est le cas avec Les Palmiers sauvages, d’après le roman de William Faulkner et Nous sommes repus mais pas repentis(inspiré de Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard), initiés, produits et créés entre 2014 et 2016 au Théâtre Vidy-Lausanne puis repris aux Ateliers Berthier au printemps 2016.

Parallèlement, elle poursuit son travail de mise en scène : dans Après coups, Projet Un-Femme, créé à Orléans et présenté au Festival TNB de Rennes et à la MC93, elle réunit des artistes féminines venues du cirque et de la danse ; en 2020, elle crée au Théâtre national de Strasbourg avec le Festival Musica Aria da Capoautour de l’adolescence et de la musique (en tournée saison 2022/2023) ainsi que Las Palmeras Salvajes, version en espagnol des Palmiers sauvages à l’invitation du Festival Santiago a Mil.

Avec After all, en 2021, elle développe aussi une activité de pédagogue et assure la direction artistique de la 33e promotion des élèves du Centre national des arts du cirque.
En 2022, elle créé au Teatre Nacional de Catalunya de Barcelone, Ils nous ont oubliés d'après Thomas Bernhard - avant son exploitation parisienne à l’Odéon-Théâtre de l’Europe - en continuant d’explorer les relations entre le théâtre, la musique, l’image et la littérature.

Elle travaille actuellement à l'adaptation d'Absalon, Absalon ! de William Faulkner.

Elle a dirigé le Centre Dramatique National Orléans / Centre-Val de Loire de 2017 à 2023. Elle est actuellement directrice de la Comédie de Genève.

La metteuse en scène signe une pièce glaçante où le son est au cœur d’un dispositif scénique à la radicalité réjouissante (...) On sort de là, après 3h45 de spectacle, ébloui par tant de radicalité et de finesse. Un coup de maître.
Igor Hansen-Love - LES INROCKUPTIBLES

La metteuse en scène revient à l’écriture de Thomas Bernhard avec une appropriation libre et ambitieuse du roman La Plâtrière. Quand la force du théâtre se nourrit d’un maelstrom de matériaux : sonores, vidéos, dramatiques, musicaux, plastiques. (...) A la croisée du théâtre, des arts musicaux et sonores, des arts plastiques et de la vidéo, Séverine Chavrier crée une imposante symphonie théâtrale. Et s’affirme comme une véritable écrivaine de la scène.
Manuel Piolat Soleymat - LA TERRASSE

La metteuse en scène revient à Thomas Bernhard et transforme sa Plâtrière en cloaque suffocant, où, au milieu d’une scénographie immersive remarquable d’organicité, l’isolement et la folie s’entremêlent et se nourrissent de façon magistrale. (...) De cette expérience menée dans un laboratoire grandeur nature, aucun ne réchappera indemne, pas même le public qui, au sortir, mettra plusieurs minutes pour reprendre pleinement ses esprits, habilement chamboulés.
Vincent Bouquet - SCENEWEB

On ne le sait pas assez, mais Séverine Chavrier est une de nos metteuses en scène les plus puissantes et les plus singulières.
Fabienne Darge - LE MONDE

LA REVUE DE DE PRESSE

ILS NOUS ONT OUBLIÉS

MARDI 12 SEPTEMBRE 19H30
MERCREDI 13 SEPTEMBRE 19H30
JEUDI 14 SEPTEMBRE 19H30

3H45 (avec deux entractes) - Salle Jean-Louis Barrault
Production CDNO

Vaste et exiguë, vide et encombrée, la Plâtrière est une demeure blanche comme une chambre stérile et noire comme la forêt environnante. Un couple s’y est enfermé après avoir fait barricader toutes les portes et verrouiller toutes les fenêtres car il faut à Konrad une paix absolue pour écrire un Essai sur l’Ouïe. Mais sa femme étant infirme, totalement dépendante de lui, il doit assumer seul les tâches ménagères, vendre un à un les meubles pour assurer leur subsistance, garantir leur sécurité, aussi, en cachant des armes dans presque toutes les pièces, car l’isolement attire les rôdeurs…

Ode à la stérilité magnifique en forme de farce desespérée dans un monde sous cloche, Thomas Bernhard en maître de l’exagération et avec un humour dévastateur déploie dans La Plâtrière quelques-unes de ses obsessions majeures. Séverine Chavrier, directrice du Centre Dramatique National d'Orléans jusqu'en juin dernier, les fait résonner sur un plateau glacial et chargé d’ondes, nourri des souvenirs de Persona et de Shining. Un théâtre givré matiné de mélancolie autour de l'échec et de l'empêchement de se réaliser, hanté par tous les spectres du sonore, depuis les voix surgies du sous-sol jusqu’aux percussions jouées en scène sur des plaques de plâtre.


TOUT SACRIFIER À SON IDÉAL

Ils nous ont oubliés est une adaptation de La Plâtrière de Thomas Bernhard. Le personnage principal, Konrad, forme avec sa femme, qui n’a pas d’autre nom que « Mme Konrad », un couple dont les rapports s’articulent autour d’une relation amour / haine. Qu’est-ce qui vous a intéressée dans cette relation paradoxale ?

Séverine Chavrier : Le couple formé par les acteurs se caractérise par une différence d’âge qui fait écho à la vie de l’auteur : Bernhard vivait avec « la tante », comme il l’appelait, qui était une femme beaucoup plus âgée que lui. Dans la fiction, c’est un couple qui se tient par la haine, mais une haine larvée – on n’est pas dans du Strindberg par exemple. Le mot « haine » est même peut-être trop fort, il s’agirait plutôt d’un endroit enkysté par la dépendance. Ils sont dépendants l’un de l’autre. Elle physiquement (chez Bernhard, il y a souvent ces femmes infirmes, parfois mutiques, victimes d’une maladie dont on ne sait rien – « il n’y pas de maladies organiques, il n’y a que des maladies psychiques », dit le texte), et lui parce qu’il l’utilise comme cobaye pour ses expériences scientifiques. À travers un jeu de références farcesque (il y a beaucoup d’humour dans ce texte). Ils lisent chacun un livre : L’Entraide de Pierre Kropotkine, qui propose une vision anti-darwinienne de l’entraide des espèces, pour Konrad ; et Henri d’Ofterdingen de Novalis pour sa femme, l’occasion pour Bernhard de se moquer de ce romantisme allemand exagérément studieux. Cette mise en miroir est aussi déployée dans la fiction : ce couple a eu deux vies, chacune choisie par l’un des deux. Pendant vingt ans, ils ont voyagé pour faire plaisir à Mme Konrad, puis ils se sont installés à la plâtrière pour que Konrad puisse écrire son essai, contre la volonté de sa femme (un changement qui s’accompagne en plus d’un grand appauvrissement matériel). La revanche de l’un devient le sacrifice de l’autre, au nom d’une œuvre à accomplir. Konrad le dit tout le temps : « entre la société et mon traité, je choisis mon traité », « entre ma femme et mon traité, je choisis mon traité ». C’est-à-dire : « rien ne se fait sans brutalité. » Tout sacrifier à son idéal… Au risque de la stérilité la plus totale.