Un projet de Robyn Orlin
Avec Andréas Goupil, Arnold Mensah, Maxime
Tshibangu
Création lumières et régie générale Fabrice Ollivier
Création costumes Birgit
Neppl
Création vidéo Eric Perroys
Création musique Arnaud Sallé
Assistante stagiaire à la mise en scène Adèle
Baucher
Production et diffusion
Damien Valette
Coordination Louise Bailly
Production City Theater
& Dance Group et Damien Valette Prod
Coproduction City Theater & Dance Group ; CDN
de Normandie - Rouen ; Théâtre de la Bastille ; Festival d’Automne à Paris ;
Théâtre Garonne - Scène européenne ; Kinneksbond, Centre Culturel de Mamer
Le spectacle a reçu le soutien du CDN Normandie
Rouen dans le cadre d’une résidence artistique.
Avec le soutien du CND Centre national de la
danse, accueil en résidence.
Nous remercions particulièrement Christophe Grelié pour son aide à la création lumière, Kerstin Micheel, Clémence Pajot, Danièle Demeaux, Fred Koenig, le personnel technique et d’accueil du CN D, le théâtre des Amandiers et la MC 93 pour le prêt de matériel.
Création le 4 novembre 2019 au Théâtre de la Bastille, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Film : The Maids (1975), réalisé par Christopher Miles, avec Glenda Jackson, Susannah York et Vivien Merchant
Figure majeure de la scène artistique internationale, Robyn Orlin a longtemps été considérée comme l’enfant terrible de la danse sud-africaine. Formée en danse contemporaine et diplômée de l’Institut d’art de Chicago, Robyn Orlin interroge dès sa première création en 1980 les dynamiques politiques de son pays, alors sous le régime de l’apartheid. Cet engagement, ainsi qu’une constante remise en cause des formes et principes artistiques dominants continueront d’imprégner l’ensemble de son travail. Mêlant la danse au texte, à l’image et à l’objet, Robyn Orlin explore les formes théâtrales et interroge avec humour, ironie et virtuosité les méandres sociaux, politiques et culturels des sociétés. Elle a créé de nombreuses pièces en Europe notamment Beauty remained for just a moment then returned gently to her starting positionet At the same time we were pointing a finger at you,we realized we were pointing three at ourselves,tous les deux présentés à la Scène nationale d’Orléans.
Dans cette version mise en scène par la chorégraphe et metteuse en scène sud-africaine Robyn Orlin,à la domination sociale s’ajoute la domination raciale qui fut longtemps le quotidien de son pays. Fidèle à la distribution d’origine voulue par Genet, Claire et Solange, soeurs et domestiques assassines, sont interprétées par des comédiens ici noirs africains, tandis que Madame s’incarne évidemment sous les traits d’un comédien blanc. Les images du film de 1975 réalisé par Christopher Miles servent de décor de fond, créant un subtil dialogue entre théâtre et cinéma. Ramenée aux trois personnages féminins principaux, condensée afin d’en livrer cette intensité rare qui rend tangible le tragique et la violence présents dans l’oeuvre de Genet, la pièce se meut en une histoire de la folie qui apparaît peuàpeu sur le corps uséde Solange, réceptacle de toutes les haines et humiliations infligées par la bourgeoisie sur les classes populaires, dominants et dominés d’une Humanité à la fois effrayante et pathétique.
Guillaume Lasserre - MÉDIAPART
On n’a jamais vu la pièce de Jean Genet à ce point distordue et finalement proposée au public pour ce qu’elle est vraiment : un formidable support d’actions qui se passent de réalisme et ne sont que mascarade, rituel, cérémonie. Les bonnes (deux soeurs obsédées par l’idée de tuer leur maîtresse) sont jouées par deux comédiens noirs. La bourgeoise est interprétée par un acteur blanc. Voilà comment le texte bascule dans l’universel, quitte le conflit domestique et intime pour gagner les rives des grandes luttes émancipatrices. Il semblait en fait n’attendre que ça, cette relecture de bout en bout politique, pour révéler sa force corrosive. Le ballet s’organise sur scène dans un dialogue étroit avec le cinéma. Sur un immense écran est projeté un film adapté de la pièce en 1975. Il sert d’écrin au jeu. Les pistes à suivre dans les allers-retours entre le corps et l’image sont multiples, presque trop nombreuses. Mais loin de nous l’idée de s’en plaindre.
Joëlle Gayot - TÉLÉRAMA
1h20 - Salle Jean-Louis Barrault
Solange et Claire, deux sœurs, travaillent pour Madame. Ce duo féminin, porté par des jeux de rôles pervers, ne cesse de faire appel à la figure de la maîtresse, composant un trio fantasmé, lieu d'une confrontation sociale et insidieuse. Deux comédiens noirs portent le texte de Genet avec, en toile de fond, une adaptation cinématographique de cette même pièce. Robyn Orlin, chorégraphe sud-africaine, dans un mouvement sensuel et révolté, multiplie les dimensions de compréhension et de lecture. Se mêlent les mots de Genet de 1947, un film anglais de 1975 et des comédiens d'aujourd'hui, le tout sous la houlette d'une artiste n'oubliant pas l'histoire de son pays et la tragédie de l'apartheid. Cette pièce relie, dans le sillage de la mémoire, des questionnements dont le croisement permet à Robyn Orlin de composer un regard de plus en plus juste sur notre société et ses rapports sociaux.
UNE COLÈRE PROFONDE
Jean Genet est un artiste fondamentalement politique, qui croise d’une manière tout à fait complexe les questions du racisme, du genre et des classes sociales. Il ressentait une colère profonde à l’égard de la société et de ses structures. Je pense aussi que l’art doit être critique, qu’un artiste ne doit pas être trop conciliant avec sa culture. Il doit la questionner, la déconstruire, lui donner d’autres perspectives. Et, en même temps, la mise en scène ne constitue-t-elle pas aussi une forme de domination ? Même si le travail commence par être collectif, n’est-il pas nécessaire qu’une personne prenne une décision, et donc confisque le pouvoir ? Pour ma part, je suis blanche et je ne suis pas homosexuelle, mais je comprends ce que peut ressentir un groupe de personnes qui ne sont pas acceptées pour ce qu’elles sont. Cela vient peut- être de mon histoire personnelle. Je suis la fille d’un juif lituanien qui s’est réfugié en Afrique du Sud. Puisque nous étions blancs, nous faisions partie du système de l’apartheid, nous pouvions avoir un compte en banque, aller à l’école, trouver du travail. Mais mon père ne fut jamais complètement accepté car il était juif. La position ambivalente que nous occupions en Afrique du Sud m’a sans doute rendue plus consciente.
Robyn Orlin, entretien réalisé pour le Théâtre de la Bastille
Mercredi 6 octobre à 18h
Les Bonnes et l'esthétique de Jean Genet
Conférence de Benoît Barut - en partenariat avec l’association Guillaume-Budé
+ infos
Atelier du CDNO
Jeudi 7 octobre à l'issue de la représentation
Rencontre avec l'équipe
Atelier du CDNO