Un spectacle imaginé, conçu et avec Marie Payen
En étroite collaboration avec Leila Adham
Création son Jean-Damien Ratel
Création lumière Hervé Audibert
Production déléguée Centre Dramatique National de Normandie-Rouen
Coproduction Compagnie un+un+
Marie Payen est comédienne au théâtre et au cinéma.
Elle a entre autres travaillé au cinéma avec Jacques Maillot, François Dupeyron, Solveig Anspach, Frédéric Videau, Laurence Ferreira Barbosa, et au théâtre avec avec la compagnie Sentimental Bourreau, Michel Deutsch, Jean-François Peyret, Pierre Maillet et le Théâre des Lucioles, Jean-Baptiste Sastre, Zakariya Gouram, Jacques Rebotier, Laetitia Guédon, Chantal Morel au théâtre.
Avec sa compagnie UN+UN+ (nom qui invite autant au singulier qu’au pluriel, au « tout seul » et au « ensemble ») elle a créé des spectacles au théâtre (La Cage aux Blondes, en 2005 au Théâtre National de Chaillot…), et des formes musicales (Le Loup dans ma bouche, spectacle chanté au Théâtre National de Chaillot, le Cabinet Payen, chansons tout près des gens dans les toilettes des hommes du Théâtre du Rond Point).
En janvier 2014, elle crée jEbRûLE au Théâtre de Vanves, puis à Rouen et à Avignon, au Théâtre-studio d’Alfortville et à La Loge à Paris, et prochainement au CDN de Dijon et de Besançon.
Une belle et hétéroclite compagnie pour Marie Payen, dont la parole
évolue hors des chemins balisés du théâtre. Sans auteur ni metteur en
scène au sens classique, Perdre le Nord est en effet une
échappée hors de nos codes de représentation habituels. Une performance
proche du conte, dont les figures sont avant tout des êtres de langage.
Anaïs Heluin / SceneWeb
Durée : 1h00 - Théâtre de la Tête Noire (Saran)
Marie Payen puise dans la langue déracinée des migrants pour mieux faire naître un chant pluriel, une parole sans frontière, une langue nouvelle, balbutiante, utopique et babélienne, brutalement poétique. Avec cette parole sur le fil qui s’improvise et s’apprivoise chaque soir, nourrie du travail que Marie Payen mène sans relâche auprès des réfugiés. Perdre le nord est une invitation à un voyage personnel et intérieur à la rencontre de l’autre et de soi-même, où le Nord pourrait bien enfin se tourner vers le Sud.
« Il faut toujours faire attention au
nom que l’on donne à un spectacle. Le mien s’appellera Perdre le
Nord. Je voudrais qu’il parle de mes rencontres avec les gens
perdus en Europe, venus du Sud, chassés de leur terre mère et de
leur langue maternelle par le Destin contemporain, privés de
boussole ici, autant que de mots pour s’orienter, mais privés
aussi des mots comme on n’aurait plus de mains pour toucher la peau
des autres. Mais je sens bien que Perdre le Nord,
ça parle aussi des mots que l’Europe, ma langue, n’a pas trouvés
pour dire son récit à la hauteur du Poème, « pour frotter et
limer sa cervelle contre celle d’autrui » comme dit l’autre,
vous savez… Les mots d’Europe sont cassés, cubiques, mortels
parfois, sa langue déraille, les points cardinaux salvateurs sont
perdus dans la Tragédie. Perdre le Nord m’emmène dans les
trous noirs de ma langue maternelle, je le sens bien. J’ai la tête
qui tourne et je fouille dans ses plis, en improvisant, pour que le
vertige me révèle des chemins de fuite.»
Marie Payen, 3 janvier 2017
« Il n’y a pas de personnages, mais des métamorphoses, des variations, des basculements.
Il n’y a pas de fable, mais des événements dans des personnes : vagues, chemins, adieux, traces de pas, traces de bombes…
Il n’y a pas de dialogues, mais un langage-peau, j’ai des mots au bout des doigts, je frotte mon langage contre des peaux.
Il n’y a pas d’auteur. L’auteur c’est la Parole, l’Épopée c’est la Parole, l’événement c’est la Parole.
Il n’y a pas de morale, pas d’opinion, pas de message.
Il y a la nuit dans une bouche, et la nuit du théâtre, et la nuit qui forme nos autres mondes, et ce n’est pas un monde formé que je montrerai, mais un essai de monde entrain de dérailler, de se disperser, d ‘échapper.
Je parle depuis ce que je ne sais pas de moi, et je m’adresse à ce que nous ne savons pas de nous. C’est pour ça que j’improvise. Pour lâcher l’idée que je me fais de moi-même et du monde, et me mouvoir comme un sans-logis dans le Présent. Heureusement, il y a le Présent… »
Marie Payen, 18 janvier 2018
Mercredi 16 mai 2018 à l'issue de la représentation
Rencontre avec l’équipe
Théâtre de la Tête
Noire – Saran
Samedi 19 mai 2018 de 14h00 à 17h00
Agir aujourd'hui
Table ronde Activisme et
intermittence
Animé par Marie Payen,
comédienne
Comment l’intermittence, loin d’être
un modèle parasitaire, est le lieu d’invention d’un temps d’activisme et d’actions, de transmissions et
d’inventions avec l’autre, dans une créativité et une
malléabilité que peu de statuts permettent?
L’occasion d’évoquer
aussi comment ces lieux issus de la décentralisation que sont les
CDN réinventent sans cesse, derrière ses artistes directeurs, des
modes de pensées et de relation à l’autre, comme peu
d’instituions le peuvent. Une réflexion ouverte avec des artistes
engagé-es connu-e-s des orléanais-e-s. Nous aurons le
plaisir d’y entendre Marie Payen, Rebecca Chaillon, habituée des
Soirées performances, toutes deux par ailleurs associées au CDN de
Rouen, Sébastien Thiery, fondateur de l’association PEROU, associé
au Frac Centre-Val de Loire et proche collaborateur du CDN
d’Aubervilliers, théâtre
qui « travaille à se brancher à un centre d’hébergement
pour demandeurs d’asile, une résidence
pour jeunes artistes, un centre d’apprentissage
pour les réfugiés
et les jeunes des quartiers, et une école pour les étrangers et les
jeunes des quartiers ».
Théâtre d'Orléans - Salle Le Kid