De et mise en scène Agnés Mateus et Quim Tarrida
Avec Agnés Mateus
Scénographie Quim Tarrida
Son et video Quim Tarrida
Régisseur général et lumière Laura Morin
Création lumière Quim Tarrida et Carles Borràs
Régie technique et son Sergio Roca
Assistant mise en scène Marta Gon
Photographie Quim Tarrida
Céramique Anna Benet
Costumes Teresa Melgosa
Traduction et sous-titres Marion Cousin

Patatas Fritas Falsas a été créée le 4 mai 2022 au TNC-Teatre Nacional de Catalunya.

Coproduction TNC-Teatre Nacional de Catalunya, Antic Teatre, Konvent (Berga) et A.Mateus & Q.Tarrida 
avec le soutien de l'Institut Ramon Llull


Agnés Mateus est une artiste interprète multidisciplinaire qui a travaillé avec le Colectivo General Eléctrica, Roger Bernat, Rodrigo García et Juan Navarro. Rebota rebota y en tu cara explotaest son deuxième travail en tant que créatrice. Dans le premier Hostiando un M, elle a commencé à collaborer avec l'artiste Quim Tarrida.
Elle a étudié le journalisme et le théâtre simultanément, jusqu'à ce qu'elle entre dans le monde de la performance sous l'égide de Txiqui Barraondo et Manuel Lillo à Barcelone. Elle a ensuite combiné des études de théâtre et de danse.
Sa carrière a débuté en 2006, lors de la création du Colectivo General Eléctrica (Barcelone). Agnés était un membre essentiel de ce groupe et a travaillé avec eux jusqu'à sa dissolution huit ans plus tard.

Artiste pluridisciplinaire dont l’esthétique néo-pop doit un certain poids au legs de l’art conceptuel. Il débute dans le domaine du dessin et de la BD pendant les années 80 en créant son propre univers (Monde sous-cutané). En marge de la production artistique plus étroitement liée à la musique et à la performance, Tarrida réalise une œuvre photographique, vidéographique, picturale et sculpturale dans laquelle des liens sont établis avec le monde de l’enfance perdue, la fascination pour le jouet, la matière organique, la BD et l’expérience vécue dans une sorte d’horror vacui auquel il a constamment recours. Au cours des dernières années, une partie de son travail a été aussi réalisée en rapport avec l’art sonore, la musique contemporaine, l’action sonore et la performance. Dans ce sens, on souligne notamment les concerts dans lesquels il insère des jouets électroniques musicaux. En parallèle, il a développé sa carrière professionnelle en tant que directeur créatif et d’art dans des agences de publicité, des studios de création graphique et de communication interactive en ligne.
Il collabore actuellement avec l’actrice et metteuse en scène Agnés Mateus sur les pièces de théâtre Hostiando a M et Rebota rebota y en tu cara explota en tant que co-metteur en scène, créateur et réalisateur des audiovisuels.


PATATAS FRITAS FALSAS

JEUDI 28 MARS 20H30
VENDREDI 29 MARS 19H30

CRÉATION 1H - Salle Antoine Vitez 

Spectacle en espagnol surtitré en français
Usage de lumière stroboscopique

De retour à Orléans après leur percutant Rebota Rebota y en tu cara explota, le théâtre contestataire des catalans Agnés Mateus et Quim Tarrida, artistes pluridisciplinaires, radicaux et avant-gardistes, nous dérange toujours autant et nous saisit pour mieux dénoncer, avec une énergie débordante et un humour décapant, la banalité du mal. Ce sont toujours des gens ordinaires derrière la violence politique. Pas de systèmes dictatoriaux sans masse, le totalitarisme le plus terrifiant pouvant être engendré par des individus insignifiants telle une armée de bureaucrates ne faisant qu'obéir aux ordres, quels qu'ils soient. Peut-être un peu comme nous. Performance percutante, provocatrice et vindicative : les vérités sont dites.


Que le fascisme et les héritiers de la politique nauséabonde de Franco se tiennent à carreau, Agnès Mateus est dans la place et ça va saigner ! Si le franquisme bouge encore, l’artiste catalane qui ne fonctionne pas à la demie-mesure et s’empare de sujets chocs et forts, aux prises avec l’époque et la société, l’attrape par le col pour lui faire la peau, le passe à la moulinette de sa machine à laver le linge bien sale mais surtout, le regarde droit dans les yeux pour mieux le débusquer dans ces ersatz cachés. Troisième volet d’une trilogie consacrée à la violence, après Hostiando a M qui traitait des violences policières et “Rebota rebota y en tu cara explota” qui abordait les violences faites aux femmes, “Patatas fritas falsas” s’attaque à la violence politique, en l’occurrence celle des extrêmes. Seule en scène, la performeuse, héritière de la radicalité de son confrère Rodrigo Garcia, déploie une énergie qu’elle a phénoménale, à l’image de son humour, ravageur, et de sa colère, entière. Avec son complice Quim Tarrida à la genèse du projet et à la mise en scène en binôme, Agnès Mateus au plateau ne mâche pas ses mots, elle joue comme on risque sa vie dans une implication totale et radicale comme pour mieux crier l’urgence de la situation. Alerter sur ce qui nous pend au nez. Sous le drapeau franquiste qui s’étale, monumental et effrayant, dans toute la largeur de la scène, elle dénonce avec véhémence les conséquences de quarante années de dictature, l’immobilisme et l’inertie des foules, la banalité du mal, le mépris et l’intolérance qui se répandent comme traînée de poudre. C’est un geste artistique sans concession et le poing levé, une performance pluridisciplinaire et provocatrice, qui réveille et mobilise dans la prise de conscience générée. Oui, les dégâts du franquisme sont toujours là, ils sommeillent au cœur des institutions, des discours racistes à peine déguisés, des frontières étanches et de l’inhospitalité ambiante, dans la peur de l’autre et le dédouanement des responsabilités, dans l’absence d’empathie, la crise de la culture et les trous de mémoire. Oui, il y a de quoi être inquiet. Alors Agnès Mateus et Quim Tarrida, à défaut de prendre les armes, s’emparent du plateau de théâtre comme on fait un coup d’état et avec éclat mettent le feu aux poudres en un spectacle fracassant et galvanisant, aussi drôle que glaçant. Si les patates frites sont fausses, les carottes ne sont pas cuites pour autant, Franco n’est qu’une marionnette, un enfant capricieux et ridicule qui débite post mortem ses inepties insupportables et narcissiques. Oui, il est temps de réagir encore et toujours, de raviver la mémoire des traumatismes de l’Histoire, de ne pas baisser les bras face à la montée des extrémismes, du mépris et du repli sur soi, de se dresser, debout et confiants, contestataires et grands, contre la propagande haineuse et insidieuse. L’art comme étendard, outil de lutte et contre-pouvoir.
- Marie Plantin

RENDEZ-VOUS

Vendredi 29 mars à l'issue de la représentation
Rencontre avec l'équipe
Atelier du CDNO